Född
Förlorare
« Né
perdant », le plus violent des contes proposés. Cru, malsain,
vulgaire, il est mon Orange mécanique infernal, qui mérite
un peu plus d'explication de ces trois derniers adjectifs. Ma
première vision du film l'exorciste ( à un âge non approprié ) a
été un véritable choc pour moi. Après plusieurs nuits à ne pas
avoir fermé l’œil, je me passionnais pour l'histoire de Regan. À
l'époque, les facilités d'internet n'existaient pas, et il m'a
fallu du temps pour pouvoir lire des documents concernant Robbie
Mannheim, jeune garçon de treize ans dont l'histoire inspira le
livre « The Exorcist » de William Peter Blatty.
Cependant, raconter un énième cas de possession ne me suffisait
pas, et je décidai de prendre l'histoire « à l'envers ».
Comprenez : suivre l'histoire d'un démon. C'est donc en
m'inspirant d’œuvre comme la Divine comédie de Dante, que
j'envoyai un esprit parcourir les Enfers jusqu'à un cas de
possession. Un conte réservé à un publique averti...
-
Le bar du
quartier de Fleet-Street était bien vide ce soir là. Le tenancier,
plongé dans ses cahiers de comptes, ne prêtait guère attention aux
trois piliers de comptoir qui noyaient leur journée d’ouvriers
dans le fond de deux ou trois chopes de bière. En toute logique,
aucun d’entre eux n’accueillit avec enthousiasme le grand noir
qui venait d’enfoncer la porte, ruisselant des gouttes d’eau
d’une pluie abondante tombant à l’extérieur de l’établissement.
L’homme approcha du comptoir en boitant, comme si ses chevilles
n’arrivaient pas à soutenir sa musculature imposante. Ou peut-être
était ce dû à l’énorme mallette qu’il portait difficilement.
- Patron ! Triple dose de vodka…
Sans quitter ses précieuses pages des
yeux, l’homme saisit un verre de taille moyenne de sa grosse main
velue, le secoua tête en bas pour en faire tomber les deux cafards
qui y avaient élu domicile et finit par verser une large quantité
d’alcool « made in Russia ».
Alors qu’il allait porter le verre à
sa bouche, un petit sifflement détourna l’attention de celui-ci.
Dans le fond de la salle, un individu semblait l'attendre.
- Hey, French boy ! Ça fait plaisir
de voir que tu tiens parole !
L’homme posa ses énormes fesses sur
une maigre chaise de bois grinçante.
- Toujours au Gin à ce que je vois !
se moqua-t-il.
- T’en as mis du temps bordel,
qu’est-ce que t’as foutu ? interrogea un homme à la chevelure
rousse vêtu d’un costume bon marché, cachant son visage derrière
un vieux journal datant d’une semaine déjà.
- T’as vu le temps qu’il fait
dehors ? Tu crois que c’est facile de trimbaler ce merdier du
quartier de Limehouse jusqu’ici ? répondit-il en tapotant son
fardeau.
- D’ailleurs, t’as le pèze ?
murmura-t-il en approchant son visage de son interlocuteur.
- Je veux voir la came d’abord,
répondit le rouquin.
Le black souleva la mallette et la
laissa s’écraser sur la table en faisant sauter les verres.
- Pourquoi m’avoir donné
rendez-vous dans un endroit aussi crade ? demanda-t-il en libérant
d’un double clic les verrous qui retenaient enfermés l’intérêt
du rouquin.
- Parce que c’est un bel endroit
pour se fondre dans la merde…
- Attention à ne pas aller trop loin
French boy… Dans ce milieu le respect à une place primordiale si
tu veux te faire un nom, dit le revendeur en refermant ses énormes
mains calleuses sur l’ouverture de la boite.
- Je cherche pas à me faire un nom,
je cherche juste à me sortir de la mouise, Ramsès.
- Ah, il a retenu mon prénom ! Tu
commençais à me faire flipper Adam. Moi j’ai retenu le tien tu
sais, j’ai tout retenu de toi. Mais dans notre business, il est
plus facile de se faire un nom que de se racheter une bonne conduite,
riait-il à gorge déployée.
- Tu parles comme un gros trafiquant
alors que tu n’es qu’un simple videur de boite de nuit, mec.
- Ouais, mais tu connais beaucoup de
videurs qui peuvent t’avoir… ça ?
Lentement, il ouvrit la mallette et
découvrit enfin son contenu, un Remington 870.
- Beau joujou, hein ? demanda Ramsès,
en souriant. C’est le même que les policiers de l’oncle Sam mec,
crosse pliante, calibre douze, t’as une capacité de quatre
cartouches et…
- Je me fous des caractéristiques,
j’ai juste besoin qu’on ne tente pas de me résister dès que je
le sortirai.
Ramsès éclata de rire :
- Avec un engin pareil, crois moi que
personne ne va te résister, frère !
- J’espère bien, parce que je ne
compte pas le charger…
- Quoi ? Mais t’es un maso toi, tu
veux braquer une banque avec un calibre vide ?
L’étrange acheteur plaqua une main
contre la bouche de Ramsès.
- T’as raison, gueule plus fort
encore !!! murmura son client les dents serrées en regardant les
piliers de comptoir.
Mais les doigts d’acier broyèrent
la frêle main pâle et Ramsès ajouta en soufflant :
- Pfff, regarde les... Je crois bien
qu’ils ne savent même plus qu’on est là…
« Hey , patron !
Pou…pou…pourquoi t’écris tout sur des cahiers ? Tu te ferais
moins chier si tu avais un orni… un orninateur, nan ?
- Un ordinateur Joe, un ordinateur. Et
je t’ai déjà dit que je ne faisais pas confiance en ces putains
de machines. Du papier, un stylo et mon poignet… rien de plus. »
CLAC , CLAC , CLAC !
Adam fit claquer ses doigts devant les
yeux de son interlocuteur perdu dans ses pensées.
- Oh ! T’es là ?
- Ouais, pardon. Bon et le blé ?
Il reçut un sac de papier plié sur
lui-même contre le torse et l’ouvrit avec empressement.
- Cent, deux cents, trois cents… Hey
! On est pas un peu loin du compte là ?
- C’est tout ce que j’ai pu avoir.
Mais tu as ma parole que je te donnerai le reste, même plus, après
mon coup.
Le visage de Ramsès devint plus
sombre et sérieux.
- Pas d’entourloupe mec. Je sais pas
mal de choses sur toi et si je n’ai pas l’argent en temps et en
heure, j’irai faire un petit coucou à ta femme et apprendrai à
ton gosse à frapper à la porte avant d’entrer dans la chambre…
tu piges ?
Si il avait été d’une condition
supérieure, Adam aurait volontiers défoncer la mâchoire de ce gros
porc libidineux. Mais il s’agissait en fait de ne rien faire de
stupide qui aurait pu gâcher ses plans. Et de toute façon, un
affrontement physique avec ce colosse aurait été complètement
absurde.
- Tu l’auras ton pognon ! Dans moins
de trois jours je t’aurai remboursé et je me casse dans un endroit
libre de la pollution humaine… avec ma femme et mon gosse.
Ramsès ria de plus belle :
- C’est tout ce que je te souhaite,
le Français…
Adam se leva en empoignant la mallette
et se dirigea vers la sortie, sans un regard vers quiconque de
présent dans la salle.
- Hey, attends ! Ramsès interrompit
le jeune homme et lança quelque chose en sa direction, rattrapée en
plein vol.
- Une cartouche ? Mais je t’ai dis
que…
- C’est juste au cas où… T’auras
beau jouer les héros, sans haine, sans violence, en face de toi si
tu te fais prendre, et tu te feras prendre, t’auras une meute de
chiens prête à te décocher une de leurs salopes de balles en
pleine tête si tu bronches. Parce qu’ils s’en branlent de ta
condition, je voulais être sûr que tu le sache.
Adam glissa la cartouche rouge dans la
poche de sa veste.
- Merci Ramsès, j’essaierai de m’en
souvenir… Puis le jeune homme sortit du bar, regardant droit devant
lui.
- Hey, patron ! J’espère que c’est
plus festif les soirs de match vot’ bordel ! cria le grand noir
avant de balancer deux billets de dix sur la caisse du barman.
- Garde la monnaie, du-con,
grogna-t-il au patron qui souffla son haleine fétide entre ses dents
lorsque Ramsès sortit à son tour de l’établissement…
La pluie tombait drue sur Londres et
le ciel était plus sombre que jamais, comme si la ville s’apprêtait
à pleurer la perte de l’un de ses habitants, ou plus.
Le lendemain , à quinze heures
précises, Adam enfila une paire de bas sur son visage et entra dans
la banque d’un quartier où il n’avait jamais fichu les pieds,
afin d’être sûr de ne croiser aucune personne qui pourrait
freiner sa détermination.
- TOUT LE MONDE A TERRE !!!
La panique s’empara des clients et
du personnel et tous s’exécutèrent, plus sous la menace que
représentait le prolongement armé du bras d’Adam que de ses
hurlements.
- BALANCEZ TOUT LE FRIC POSSIBLE LA
DEDANS !!! hurla-t-il en jetant un gros sac de sport au visage d’une
jeune fille qui sentit soudain un liquide chaud lui couler le long
des cuisses.
- MAGNE TOI PETASSE !!!
Il tourna plus d’une fois sur lui
même et ajouta :
- LE PREMIER QUI TENTE QUOI QUE CE
SOIT, JE LUI FAIS SORTIR TOUTES SES IDEES PAR LE HAUT DE SON CRANE
!!!
L’adrénaline lui fit tourner la
tête, et bien qu’il se soit totalement « déconnecté »,
une question lui traversa l’esprit :
« Comment en es-tu arrivé là
? »
Pour y comprendre quelque chose, il
faut remonter un court moment en arrière et voyager dans les
souvenirs d’Adam…
Arrivé il y a un an et demi en
Angleterre suite au décès de son unique parent ( une vielle femme
dont la force de l’âge ne résista pas à une tumeur au cerveau et
qu’Adam avait pour habitude d’appeler Nany ), il logea chez
Alysson, une jeune correspondante du pays qu’il connut lors de ses
études et avec qui il garda contact des années durant.
Désormais, Adam avait vingt-quatre
ans et vivait avec cette même Alysson, dans un petit appartement
insalubre d’un quartier commerçant de Londres. Tous deux eurent,
deux ans auparavant, un petit garçon prénommé David, et même si
les difficultés de la vie ne semblaient pas les épargner, ils
réussirent jusque il y a peu à avoir une vie paisible.
Mais tout bascula huit mois avant ce
jour. Adam travaillait au noir ( faute de trouver une situation
stable ) pour une entreprise de déménagement et se retrouva à la
porte à la suite d’un dépôt de bilan de la société. Alysson
quant à elle, travaillait comme serveuse dans un café-bar non loin
du domicile conjugal. Mais ses maigres revenus ne suffisaient bien
vite plus à payer la nourriture, les factures et bientôt le loyer
d’un propriétaire véreux qui se permettait même quelques
propositions indécentes envers la jeune femme afin « d’alléger »
ses dettes – laquelle refusa systématiquement.
Longtemps, Adam se demanda pourquoi
les étoiles brillaient si fort pour certains tandis que la sienne
restait sombre et qu’aucune main ne lui fut tendue depuis son
enfance. On oublia les repas en tête à tête, les petits plaisirs
du quotidien et l’anniversaire de David se fit dans la honte de ses
parents, sans présent ni friandise.
Les symptômes d’une dépression
obscurcirent la vie du couple. Alors, il fallait faire quelque chose…
- GROUILLE-TOI SALOPE !!!
Mais avant qu’Adam ne comprenne quoi
que ce soit, une dizaine d’hommes cagoulés pénétrèrent dans
l’enceinte de la banque.
- POSE TON ARME ET COUCHE-TOI AU SOL
!!! hurla l’un d’eux en pointant un revolver en direction du
braqueur.
« Merde, qu’est-ce que je fais
là… »
- POSE TON ARME, MAINTENANT !!!
réitéra le policier.
« J’ai la tête qui tourne…
Non Adam, si ils t’attrapent tu finiras en prison… »
Son pouls s’accéléra et des
gouttes de sueur s’insinuèrent entre les bas et son visage.
Et alors qu’il avait l’impression
d’étouffer, il revit la scène ou Ramsès lui jeta la cartouche :
« Au cas où… »
Une seconde d’hésitation. Et Adam
pressa la gâchette. Puis une détonation résonna dans la banque.
Dans la douleur horrible du métal creusant son cœur, Adam s’écroula
au sol…
- Putain de merde, son fusil n’était
pas chargé… dit un agent en donnant un coup de pied dans l’arme
qui commençait à s’imbiber de sang.
Les voix et les sirènes
s’estompèrent, sa vue se brouilla et dans un soupire, il balbutia
:
- P…pardon, Alysson… avant de
sombrer, inconscient.
Tout semblait plus léger pour Adam.
Posté au centre de la banque, il avait une vue d’ensemble de la
scène qui se déroulait sous lui, comme si il pouvait voir sur trois
cent soixante degrés.
Un corps était étendu, recouvert
d’un drap blanc tandis qu’une pléthore de policiers posaient des
questions à l’ensemble des personnes présentes, et que des
ambulanciers s’affairaient à ranger le matériel de réanimation.
« Est-ce que je rêve ? »
- On a l’identité du jeune homme ?
demanda un inspecteur qui regardait de sa hauteur le cadavre drapé.
« J’arrive à tout voir, à
tout entendre… comment est-ce possible ? »
- On a retrouvé ça sur lui
inspecteur.
« C’est étrange, on dirait
mon porte-feuille… »
Il suffisait à Adam de se concentrer
sur un objet ou une personne pour que celui-ci s’en approche,
pouvant alors l’observer dans ses moindres détails.
- Adam Rodez… c’est une carte
d’identité Française. Pauvre garçon, il a quoi, vingt-quatre,
vingt-cinq ans…?
- Chef, comment savez-vous qu’il est
français ? essaya un jeune officier de police. Avec son teint pâle
et les cheveux roux, j’aurais plutôt dit qu’il était Irlandais
moi.
L’inspecteur souffla de lassitude
face à l’idiotie du bleu qui l’accompagnait.
- Ma femme est Française et elle a
une carte similaire qu’elle a gardé. Une sorte de souvenir.
« C’est de moi qu’ils
parlent ! Mais ça veut dire que je suis… »
Un large cercle de lumière blanche et
aveuglante se dessinait au centre du plafond de la banque, mais
personne hormis Adam ne semblait le voir. Il put néanmoins
apercevoir sur quelques visages des petits sourires, comme ci
certains d’entre eux pouvaient ressentir les bouffées de bonheur
et de douce chaleur qui émanaient du halo pour envahir les lieux,
ainsi que l’esprit du jeune homme…
-
« Il s’agirait d’un jeune
homme de nationalité Française d’une vingtaine d’années qui
s’est introduit dans la banque en milieu d’après-midi, armée
d’un fusil à pompe. Selon les témoins, il avait le comportement
d’un homme nerveux et déterminé. La police est arrivée sur les
lieux peu de temps après et c’est là qu’un coup de feu aurait
été tiré par l’un des agents de police. Autour de nous, beaucoup
utilisent le mot « bavure » pour qualifier cette
intervention car, toujours selon les témoins, l’arme n’était en
réalité pas chargée. Rappelons que le jeune Adam Rodez n’était
pas connu des services de police… »
Les yeux rougies de larmes, Alysson
éteignit l’écran de télévision et s’allongea sur le canapé.
-
La lumière blanche inondait un
paysage qu’Adam ne pouvait décrire tant il ne ressemblait à aucun
panorama connu du commun des mortels. Il se sentait flotter sur des
nuages de douceur, ne ressentant plus le mal, la fatigue ou tout
autre désagrément de la vie terrestre.
Le jeune homme progressait dans cet
environnement en flottant dans l'air.
Puis, une forme familière apparue
dans un souffle.
- Nous ne t’attendions pas si tôt…
Adam aurait sans doute pleuré
d’émotion en plongeant dans les bras de son unique famille, si il
avait pu.
- Nany ? Nany, c’est toi ? Tu es…
magnifique ! dit-il, émerveillé par sa présence.
- Oui c’est moi, enfin, ce qu’il
reste de moi, répondit-elle alors d’un sourire réconfortant.
En effet, la figure maternelle d’Adam
se tenait devant lui sous une forme fantomatique dépourvue de jambe,
flottant dans l’atmosphère immaculé.
- Suis-je… mort ? demanda Adam qui
avançait en compagnie de sa Nany en direction de trois portes
grillagées faites de brume légère.
La première donnait sur un immense
jardin luxuriant, la deuxième vers un escalier qui s’assombrissait
à mesure qu’il descendait et la troisième, était la destination
des deux âmes allant à la rencontre d’un vieillard encapuchonné
de blanc.
- Ton enveloppe charnelle est morte,
oui. Ton véritable moi renaît en ce moment même sous sa véritable
forme. Nous sommes un peu comme… des papillons, vois-tu ?
- Pourquoi je n’arrive pas à
pleurer ? J’ai l’image des miens restés en bas…
- Pas en bas Adam. En bas vivent les
révoltés. Pour les terrestre, nous appelons ça « l’autre
côté ».
Quelque chose d’étrange se
produisit en Adam, une petite tache noire là où était son cœur
d’humain apparue, sans que sa Nany ne s’en aperçoive.
- Alors pourquoi ne puis-je pleurer,
ou rire ? Je n’en sens ni la force ni l’envie, je ne ressens rien
je suis juste… bien.
Nany sourit à nouveau :
- C’est grâce à elle !
Elle pointait de son doigt spectral
une petite sphère bleue qui dansait autour du jeune homme.
- Qu’est-ce que…
- C’est ta conscience, Adam. Quand
ton âme se libère de ton corps, la petite voix qui te suivait
partout et guidait tes choix se matérialise et restera à tes cotés
le temps de ton passage devant eux, avant d’être rangée avec les
autres dans les souvenirs du créateur.
Mais Adam s’étonnait :
- Qui ça eux ? Quel passage ?
Cependant, il ne réussit pas à avoir
de réponse car arrivé devant la porte, la vieille dame s’adressa
au gardien, toujours avec ce même sourire d’automate qui en fait,
ne s’était jamais réellement défigé.
- Je viens présenter Adam Rodez pour
son passage, Pierre, dit-elle.
- Adam Rodez… Oui, ce sujet les
intéresse beaucoup et ils ne cachent pas une certaine discorde entre
eux…
- Une discorde ? Mais je…
- Bon courage petit !
Avant de pouvoir en demander
d’avantage, l’âme du jeune homme fut aspirée à travers la
brume de telle sorte qu’il lui était impossible d’échapper à
cette attraction.
Bien que dépourvu de corps, Adam
avait la sensation qu’un air d’une pureté inégalable lui
fouettait le visage. Après plusieurs acrobaties aériennes, l’esprit
du jeune homme chuta délicatement au centre d’une vaste pièce
carrelée de marbre blanc, s’ouvrant sur un paysage montagneux car
dépourvu de mur.
- Surtout, ne parle que lorsqu’ils
t’y autoriseront…
Adam cherchait partout d’où pouvait
provenir cette voix si… familière. La petite sphère bleutée
tournait autour de lui en des mouvements désordonnés, donnant à
Adam la sensation qu’elle ressentait le stress qu'il éprouvait.
- C’est vraiment étrange de voir sa
bonne conscience devant soit, murmura-t-il.
La sphère s’agitait de plus belle.
- Je ne suis ni bonne, ni mauvaise.
Juste un guide pour toi et je vais faire en sorte que tout se passe
bien devant tes juges.
- Mes juges ? s’étonna Adam. Je ne
savais pas qu’il devait y avoir un procès !
- Bien sur qu’il doit y en avoir un,
sinon comment faire la différence entre les bonnes âmes et les
révoltés ? répondit-elle.
Un grondement résonna soudain dans la
salle.
- Ah, ils arrivent !
- Attends, je n’ai jamais pratiqué
de religion aucune, comment saurais-je à qui je m’adresse et
comment je dois le faire ?
- Chut… ne parle pas, je
communiquerai avec toi par pensées… chuchota-t-elle enfin.
Au loin, Adam vit trois des montagnes
colossales s’approcher du centre de la pièce.
Et alors qu’il mimait une grimace
craignant un choque inévitable, il se rendit compte qu’elles
étaient dotées de bras, d’un corps immense et d’une tête au
visage inexpressif, autour desquelles gravitaient de petits corps
d’enfants pourvus d’ailes. Et ce qu’il prit en fait pour des
montagnes se révélaient être :
« Des êtres divins. Ils sont
les protecteurs de notre Saint Créateur et ce sont eux qui vont
décider de ton futur ».
« Vont-ils me poser des
questions ? », pensa Adam.
« Non, écoute leurs chants et
je te transmettrai leurs significations » répondit-elle.
Un son commun au chant des baleines
résonnait avec puissance à travers le paysage.
Le colosse de gauche ressemblait à un
fier combattant et son chant était lourd et franc. Celui du milieu
avait une corpulence plus fine que les deux autres et son chant plus
fluide, doux et réconfortant, faisait penser à Adam qu’il
s’agissait peut-être d’une figure féminine. Enfin, le troisième
était comme un mélange des deux. Son chant, mélodieux mais
persuasif, contrebalançait avec ceux des autres.
« Adam, ils disent que tu as eu
une vie terrestre peu reposante et que pour cela tu aurais droit au
repos éternel et avoir les réponses à toutes tes questions ».
« Je suis heureux de te
l’entendre dire », pensa-t-il.
« Attends, ce n’est pas
tout… »
Les chants s’entrecroisaient, de
plus en plus intenses et puissants. Les entités semblaient être en
désaccord.
« Ils disent que ton dernier
geste sur terre ne doit pas rester impuni ».
« Non, attends dis leur que… »
« Ils disent que ce n’est pas
moral et que ton cœur noircit ».
Adam regardait la petite tâche sur
son cœur qui grandissait à vue d’œil.
« Je… je regrette mais il
fallait que… »
« Ils disent que tu n’as pas
d’excuse ».
« Je sais mais… »
« Ils se mettent d’accord.
Nous allons faire pénitence tous deux en bas… »
« Non je ne veux pas, c’est
injuste, c’est impossible !!! »
- JE REFUSE !!!
Les angelots qui gravitaient autour
des géants s’enflammèrent et tombèrent comme des charbons
ardents contre les carreaux du sol avec grand fracas, sous des
hurlements insoutenables. Adam quant à lui sentit pour la première
fois depuis son trépas la colère monter en lui, tandis que la tâche
noire de son cœur recouvrait presque intégralement sa forme
fantomatique.
- Il n’y a donc pas de justice dans
le monde que vous avez créé…
Les Titans se figèrent et
commencèrent à craqueler comme de pauvres créatures d’argile.
- Les étoiles ne brillent-elles donc
que pour les profiteurs et les assassins ?
Leurs visages s’effritèrent et
tombèrent en morceaux sur le carrelage…
- Où est votre dieu face aux
souffrances de ses créations ? Où est-il quand ses agneaux meurent
dans la peine ? L’amour de votre dieu sépare les familles, fait
des orphelins et des parents perdent leurs enfants à cause des
maladies. Votre monde n’est que mort et désolation… vous êtes…
maudits…
Les morceaux restant des êtres saints
tombèrent en blocs et fracturèrent le sol en énormes gouffres,
formant une gigantesque mâchoire vomissant des flammes et des
cendres. La bouche s’ouvrit dans un grognement infernal et Adam
plongea dans les abysses du Monde d’en Bas, happé par les âmes
damnées…
La chute fut longue pour l’esprit du
jeune homme qui retrouva peu à peu un aspect matériel, ressentant
le goût de la douleur chaque fois que son corps heurtait un pic
rocheux, ou qu’une roche incandescente lui frappait le visage.
Au bout de quelques mètres, le corps
nu d’Adam tomba sèchement sur le sol brûlant du Bas Monde. Bien
que le choc fut brutal et atrocement douloureux, Adam remarquait
qu’aucun fluide vital ne s’écoulait de son corps. La bouche
aride, il se releva péniblement.
Le monde autour de lui avait
radicalement changé. La fraîcheur s’était dissipée rendant
l’air suffocant par les vapeurs de souffre. Plus de douce lumière
et de blanc pur. La chaleur torride ainsi que les dégradés de
rouge, jaune et orange prédominaient un décor recouvert par un ciel
noir…
- Nous sommes en bas, nous sommes aux…
Adam se retourna et aperçut cette
forme sphérique qu’il avait un peu oubliée. Devant lui, sa
conscience avait diminué de taille et sa couleur était plus sombre.
- Tu m’as suivi ? demanda Adam avec
un air de soulagement dans la voix.
- Nous sommes liés à jamais, Adam,
répondit-elle avant d’ajouter :
- Je sens la facilité et l’excès
en ces lieux, nous devrions nous méfier.
Les deux êtres marchèrent longtemps,
traversant une pleine parcourue d’artères de magma où Adam trouva
une tunique qu’il arracha à un cadavre squelettique pour s’en
vêtir. Escaladant par la suite un mont dont chaque obstacle lui
arrachait la peau, il surplomba de hautes falaises et vit une armée
de ses semblables :
- Où vont ces gens ? demanda Adam en
regardant plusieurs files de personnes qui convergeaient toutes vers
le même endroit, au loin.
- Ils vont tous tenter de traverser le
Styx, Charon les y attend…
Derrière Adam se tenait un démon
haut comme deux hommes à la peau noire, une tête d’aurochs
plantée au milieu de deux épaules aussi larges qu’une enclume.
- N… n’approchez pas ! hurla le
jeune homme terrifié.
- Plus bas misérable, plus bas,
souffla le monstre.
Les yeux d’Adam descendirent le long
du corps de l’animal pour s’arrêter sur un visage presque
humain, situé en lieu et place des organes génitaux de l’être
démoniaque.
- Qui êtes vous ? murmura Adam devant
cette abomination.
- Je suis Moloch, ton guide. Le
Porteur de Lumière m’a chargé de te mener jusqu’à Pandémonium,
afin que tu le rencontres… dit-il en se retournant.
- Le Porteur de Lumière ?
s’interrogea Adam.
- Notre maître à tous… répondit
le démon, martelant le sol de ses sabots.
- Et Pandémonium ! Qu’est-ce que
c’est ? cria le jeune homme.
- Pandémonium est la capitale de ce
monde, là où ils t’attendent tous... Le démon prit le bras
d’Adam et l’entraîna de force sur la route.
- Attends, je voudrais savoir…
Mais Moloch lui coupa la parole :
- Plus de question maintenant. Pas
avant qu’on se soit débarrassé d’elle…
« De qui parle t-il ? »,
demanda Adam à sa conscience.
« Je n’en sais rien, il ne
m’inspire pas confiance », répondit-elle par pensée.
Mais dans la surprise générale,
Moloch intervient violemment, grondant avec deux voix différentes en
une seule :
- VOS GUEULES !!! ET TOI, ARRETE DE
LUI PARLER !!!
- Dis moi au moins où l’on va ?
essaya le jeune garçon.
Et le démon devenu étrangement
serein, riait à présent avec une voix d’enfant :
- Devant le chaudron de Céridwen…
Moloch conduisit longuement ses
visiteurs à travers le Bas Monde, rencontrant çà et là des corps
plaintifs cherchant la repentance pour lesquels le démon ne montrait
aucune pitié, allant même jusqu'à les torturer avec un plaisir non
dissimulé. La marche semblait être une épreuve pour Adam. La peau
sous ses pieds s’arrachait au contact du sol brûlant, mais
repoussait systématiquement.
Après plusieurs kilomètres, ils
arrivèrent devant un autel en ruine. Un pentacle était gravé à
même le sol et les colonnes, bien que détruites, révélaient une
étrange scène semblable à un rituel.
- Voilà Céridwen.
Moloch désigna une vieille femme
recouvert de haillons au centre de l’autel qui mélangeait sans
cesse le contenu d’un chaudron de fer gigantesque, à l’aide
d’une énorme louche.
Le Démon expliqua :
- Céridwen était une très belle
femme et une puissante magicienne. Mais lorsque le bâtard du
créateur est descendu sur terre et que les hommes ont renoncé à
leurs anciennes croyances, ils ont condamné leurs paires à une
servitude éternelle. Ils ont traqué et tué leurs anciens dieux
qu’ils appelèrent des païens. Vois ce qu’ils sont devenus
maintenant…
Lorsque la sorcière leva les yeux,
Adam se rendit compte qu’elle était aveugle et sa langue et ses
oreilles n’étaient plus. Aussi, elle restait là à mélanger son
bouillon.
- Tu m’as dit qu’il fallait que je
me débarrasse d’elle ? Mais que m’apportera la mort de cette
vieille femme ?
Le démon se mit à rire grassement.
- Je ne te parlais pas de Céridwen,
mais de ça !
Moloch pointait de son doigt velu la
conscience d’Adam qui tournait et se retournait dans les airs.
« Ne l’écoute pas Adam, si tu
me détruis, il te manipulera à sa guise ! »
- Mais je ne compte pas la détruire !
Enfin, il n’y a pas de raison ! dit Adam en proie à la panique.
- Tu dois le faire pour entrer dans
Pandémonium ! grogna le démon.
- C’est hors de question, je ne
détruirai pas ma conscience… répondit le jeune homme en baissant
la tête.
- C’est dommage, ne veux-tu pas
savoir ce qui est arrivé à Alysson après ta mort ? la voix de
Moloch se faisait plus séduisante, ce qui ne manqua pas d’ébranler
Adam.
- Alysson ? Comment puis-je la voir ?
demanda-t-il avec un profond intérêt.
« Adam, non ! C’est un piège
! »
- Approche… dit Moloch en le prenant
par l’épaule, le conduisant au dessus du chaudron.
Le bouillon était un mélange de
liquide noir et mauve qui tourbillonnait sous les assauts circulaires
de la louche de Céridwen. L’intensité des flammes faisait
soulever le liquide par vagues bouillantes hors du récipient.
Un vent chaud se leva soudain,
balayant la poussière du sol contre le visage d’Adam qui se
protégea les yeux.
- Tu veux savoir où est ta femme en
ce moment ? Veux tu savoir ce qu’elle fait à l’heure où toi tu
souffres ici ?
Moloch saisit la tête du jeune
homme…
- ALORS REGARDE !
… et la plongea dans l’eau du
chaudron, sous les cris futiles d’avertissement de sa conscience.
Les hurlements de douleur d’Adam
restèrent prisonniers du récipient tandis que Moloch contrait
chacune de ses tentatives de dégagement.
Lorsque le liquide eut fini de ronger
son visage et que son corps ne bougeait plus, Adam fut comme aspiré
à l’intérieur du chaudron et se retrouva projeté dans
l’appartement qu’il occupait de son vivant, regardant l’ensemble
de la scène vide de toutes couleurs.
David, son fils, était assis dans le
petit couloir devant une porte close et l’émotion submergeât Adam
qui faute de vie, ne réussit à pleurer malgré l’envie.
- David ? David, c’est papa mon bébé
! lança-t-il en s’accroupissant.
L’enfant courut vers lui, le
transperçant comme un écran de fumée alors qu'Adam cherchait à
l’étreindre.
- On dirait qu’il fuit… Moloch se
tenait aux côtés d’Adam. Il avait abandonné sa forme d’origine
pour adopter celle d’un homme pâle, à la maigreur dissimulée
sous une toge aubergine.
- Mais… qu’est-ce qu’il fait ?
demanda Adam, ne comprenant pas pourquoi son fils s’était réfugié
derrière le canapé du petit salon en se bouchant les oreilles.
- Tout se passe là dedans…
Le démon fondit contre le mur de la
chambre du couple, invitant son ancien propriétaire à le rejoindre.
Le béton du mur ne résista pas à
l’entrée d’Adam qui pénétra dans la chambre aussi facilement
que l’on traverse un brouillard, et ce qu’il à l’intérieur
vit éveilla en lui un sentiment de rage. En effet, à quatre pattes
sur le lit conjugal, Alysson rugissait de plaisir sous les coups de
reins de Ramsès.
- Continue Ramsès, c’est trop bon…
Les doigts d’Adam rentraient
littéralement à l’intérieur de ses paumes, sa mâchoire se
brisant presque tant il serrait les dents.
« Rien de tout cela ne serait
arrivé si elle ne t’avait poussé à le faire… »
La voix de Moloch résonnait à
présent dans sa tête.
- J'ai honte, plus fort !!! PLUS FORT
!!!
« C’est elle qui t’a soufflé
l’idée de faire ce braquage pour t’en sortir... »
Le jeune homme était concentré sur
ce qu’il voyait devant lui. Ramsès dominait avec vigueur Alysson,
laissant courir sa langue partout sur elle, passant des cuisses à
son intimité où encore ses seins. La jeune femme se mordait les
doigts de plaisir, cherchant à étouffer un râle orgasmique.
« Si au moins elle t’avait
conseillé de charger ton arme… C’est toi qui serais sur elle
actuellement et c’est avec toi qu’elle aurait pris son pied…
Tout est de sa faute… »
Des gouttes de sueur perlaient sur les
deux corps.
« Tu sais ce qu’il te reste à
faire... »
Leurs langues se caressèrent.
« Débarrassons nous d’elle… »
- Toi !
La tête d’Adam partit en arrière,
éclaboussant Céridwen de sa mixture brûlante. Essoufflé par la
colère, le jeune homme saisit la sphère représentant sa conscience
et tout en imaginant tenir le cou des deux amants, il serra, encore
et encore.
- Adam je t’en prie, tu cours à ta
perte…
Dans un hurlement bestial, Adam écrasa
entre ses mains la sphère qui explosa en une giclée de sang. Le cri
déchirant de l’âme qui en sortit n’atteignit pas le jeune homme
qui regardait à présent le démon :
- Conduis-moi à celui qui apporte la
lumière ! crachat-il.
Les différents chemins menèrent Adam
sur les bords du Styx. Moloch piétina la foule, laissant place nette
pour le jeune homme qui avançait vers Charon.
- Qu’as-tu à m’offrir pour avoir
droit au passage ?
Adam regarda fixement le corps
squelettique qui se tenait en équilibre sur sa barque.
- Donnez moi ça, dit-il en s’emparant
de la faux du passeur.
D’un geste sec il s’arracha le
visage, hurlant à la mort une nouvelle fois. Car Adam avait
parfaitement compris les lois du Bas Monde. La peau pouvait se
déchirer, les membres s’arracher, les corps se transpercer, tout
redeviendrait normal dès que la douleur disparaîtrait. C’est
comme cela que les damnés obtenaient la rédemption : des
siècles de souffrance pour espérer quitter ces lieux.
Petit à petit, un visage intact se
reconstruisit sur les muscles faciaux du jeune homme.
- Sur cette peau, tu trouveras ce
qu’il reste de ma conscience, c’est le prix que je paye.
Le squelette prit la peau fraîchement
entaillée et se l’appliqua en guise de masque.
- Montez… dit-il en tendant la main
afin d’aider Adam à ne pas tomber dans le fleuve maudit.
La traversée se fit dans le
déchaînements des eaux que secouaient les âmes en colère,
prisonnières de ce flux constant. À plusieurs reprises Adam manqua
passer par-dessus bord, agrippé par des mains décharnées qui
cherchaient à s’emparer de lui tandis qu’aucune d’entre elles
n’osaient s’approcher de Moloch.
Charon stoppa sa barque qui s’amarra
seule, sans aucune aide extérieure. Sans un mot, Moloch sortit de
l’embarcation accompagné du jeune homme.
- Une route, ici ? murmura-t-il avec
étonnement.
Devant eux se tenait l’unique route
de cet endroit faite de pavés, serpentant à perte de vue. Moloch
emboîta le pas du jeune homme.
- Que signifie ces inscriptions sur
les pierres ? demanda-t-il au démon.
- Ce sont toutes les bonnes intentions
que les moutons du Créateur ont essayé et qui ont conduit à des
catastrophes humaines, répondit-il.
- Je… je n’arrive pas à lire, dit
Adam tout en marchant.
- C’est parce que c’est écrit en
araméen, pour que son bâtard puisse lui lire et qu’ils
contemplent à eux deux leurs désastres, ajouta Moloch, avant de
poursuivre.
- Elle mène jusqu’au pavillon de
luxure. Un passage obligé pour entrer dans la capitale.
- Le pavillon de luxure ?
- Tu y apprendras des choses sur ton
passé, regarde… Adam et Moloch s’engagèrent à présent dans
une allée bordée d’un long grillage doré sur les deux côtés de
celle-ci, soutenus par de gros pilonnes de forme phallique.
Des hommes et des femmes hurlaient à
force de subir la sodomie pratiquée par des diablotins qui
s’activaient comme des machines, partageant leurs victimes entre
eux.
Les moins chanceux pouvaient se faire
prendre par trois de ces êtres abjectes ressemblant à des lutins
cornus comme des boucs, aux organes plus développés qu’aucun
homme. Mais il n’y avait pas que des viols qui figuraient dans ce
paysage odieux. Plusieurs de ce qui fut autrefois des humains foulant
la terre se masturbaient, ou participaient à de grandes partouzes
dont il était impossible de calculer le nombres d’acteurs. Ils
s’affairaient tous avec passion, comme s’ils n’arrivaient pas à
combler leur appétit…
- Ils ne s’arrêteront jamais, si
c’est ce que tu te demandes. Voilà le sort qui est réservé à
ceux qui se sont vautrés avec gourmandise dans le stupre de leur
vivant. Une éternité de pulsions et d’envies sans jamais pouvoir
ressentir le plaisir. Comme tu peux le constater, les pénétrations
sans fluide vital sont douloureuses pour les femmes et les hommes ne
peuvent jouir…
- Mais alors comment se fait-il que…
- L’érection constante ? Moloch
éclata d’un rire gras. Une idée tordue du maître des lieux,
Asmodée !!!
Alors qu’il continua à marcher dans
l’allée, Adam repensa à tout ce qu’il venait d’apprendre et
ne put s’empêcher d’imaginer qu’Alysson finirait probablement
dans ces cages pendant que Ramsès se ferait déshonorer par les
petites créatures aux doigts griffus. Cependant, quelqu’un sortit
Adam de ses songes :
- Je reconnais cette bouche, et ces
cheveux roux que j’ai tant de fois agrippé…
Un homme rachitique au crâne dégarni
suivait les pas du jeune garçon tout en cherchant à en renifler le
parfum, comme pour se souvenir de qui il était.
- Adam ? Adam, c’est toi ?
- Tu le connais ? demanda Moloch.
- Comment voudrais-tu que je connaisse
quelqu’un ici ? répondit-il tandis que l’homme entrait en
transe, se frottant aux barreaux dorés de sa prison.
- Bien sur que si on se connaît Adam,
plonge loin, très loin dans ta mémoire…
Il traquait sa proie avec les yeux du
dément, ricanant et se frottant de plus en plus fort.
Le jeune homme frappa la grille avec
violence.
- Si tu as quelque chose à dire vieil
homme, parle. Mais ne me fais pas perdre mon temps ! cria-t-il.
- Vieil homme… murmura le prisonnier
avant de poursuivre :
- Tu ne reconnais pas ton oncle Adam ?
dit-il en exhibant son membre.
La même rage qu’il avait ressenti
lorsqu’il avait vu Alysson et Ramsès s’empara d'Adam et colora
ses yeux en rouge.
- Je suis sûr que tu fais erreur, je
ne te connais pas, grogna-t-il.
- Je suis sûr que si Adam. Fais-moi
plaisir et dis moi que tu en redemandes ! riait le vieil homme en
s’extirpant de son milieu, se contorsionnant tel un serpent.
Il courrait comme un dératé vers le
jeune homme, qui n’eut aucun mal à l’allonger d’un coup de
poing lancé de toutes ses forces contres la mâchoires fragile de
son oncle.
Des images incestueuses vinrent alors
frapper Adam. Il voyait par bribes un petit rouquin refuser d’aller
chez cet oncle méchant, cet homme qui étalait son vice contre son
corps d'enfant.
Dans un élan de rage, Adam courut
ramasser l’homme qui ne cessait de rire, tout en se masturbant.
- C’est pas ma faute ! C’est ta
salope de mère Adam, elle est quelque part dans ce monde tout comme
ton fumier de père, trouve-les. TROUVE-LES !
Adam se retourna et plaqua le vieux
contre la grille avec une telle violence qu’elle manqua s’écrouler
au sol.
- Oui, je me souviens… je me
souviens de tout maintenant, lui cracha-t-il en plein visage, avant
d'empaler son oncle sur la grille.
- Comment as-tu dis que s’appelait
le maître des lieux ? s’adressa-t-il à présent à Moloch.
- Il est le trente cinquième, roi du
jeu et des vices, le chevaucheur de dragon, le démon à trois têtes
qui commande à la luxure. Il se nomme Asmodée.
Tirant de tout son poids sur les pieds
du vieillard, celui-ci s’empala par le fondement pour recracher son
pale par la bouche qui lui désaxa la mâchoire.
- Asmodée… susurra Adam. De grands
traits noirs semblables à des larmes d’encre sortaient de ses yeux
jusqu’au milieu de ses joues, et qui accentua le rouge de ses
pupilles. Le Mal figeait en lui ses marques indélébiles.
- Mon frère appréciera sûrement ton
présent, Adam, dit Moloch tandis que tous deux approchaient d'une
plaine brûlante d’un feu constant.
- Quel est cet endroit ?
- Nous sommes arrivés dans mon
territoire, la Géhenne. Le feu qui ne s’éteint jamais !
Le démon présenta une sorte de
jardin de feux recouvert de détritus, au fond desquels gisaient sous
les lamentations, des hommes, des femmes, des enfants, traînant des
cadavres d’animaux.
- Tous sont des présents des hommes.
Par craintes, ils m’ont offert des sacrifices, balancé des
cadavres de criminels et autres déchets. Leurs âmes m’appartiennent
désormais.
À la vue du démon, tous se ruèrent
vers lui et implorèrent son nom à genoux. Adam quant à lui
ressentait quelque chose de nouveau. Ils craignaient Moloch, et
certains d’entre eux en proie à la panique baisèrent les pieds du
jeune homme qui se surprit à adorer ça, jalousant même le démon
d’avoir autant de disciples.
Jamais il n’avait connu pareille
sensation durant sa vie d’homme. Ce genre de manifestations étaient
réservées aux artistes ou personnalités connues du grand public
humain. Mais ici, tout pouvait changer si l’on se laissait envahir
par ses pulsions. Et à ce moment, Adam reçut en guise de présent
pour son allégeance aux ténèbres, un visage monstrueux, aux dents
pointues et allongées.
-
- Adam Eugène Rodez… Un parent à
toi ? demanda une jeune femme accrochée aux bras d’un homme à
fière allure qui prit une grande inspiration avant de répondre.
- Mon père : il est mort lorsque
je que n’étais qu’enfant… dit David.
L’homme se tenait devant une pauvre
sépulture dont les visites ne furent pas légions à en juger l’état
de dégradation avancée.
- Mais, pourquoi avoir attendu trente
ans avant de revenir ici ? ajouta-t-elle.
- Tu sais Anna, quand ma mère m’a
raconté toute notre histoire, j’en ai beaucoup voulu à mon père.
Je me disais que tout était de sa faute et qu’il n’aurait jamais
dû nous laisser…
La jeune femme serra son mari dans ses
bras.
- Ma mère s’est battu de toutes ses
forces contre les huissiers, les assistantes sociales qui cherchaient
à nous séparer, et tous ces « prétendants » qui
n’espéraient que… que…
- Chut… je sais, je sais…
consola-t-elle cet homme qui se laissa aller à verser quelques
larmes.
- Elle a toujours résisté, toujours.
Elle lui a été fidèle jusqu’à la fin. Et finalement, je n’ai
pas réussi à la sortir de là. C’est à cause de moi, si…
Anna prit le visage de David entre ses
mains.
- Je ne veux pas que tu dises ça ! Ta
mère est partie à cause d’un cancer… Une saloperie de cancer
foudroyant et tu n’y es pour rien…
- Je sais mais… si j’avais pu
l’emmener chez nous, quitter Londres pour le Michigan, je suis sur
qu’il en aurait été autrement. Elle aurait passé ses jours à
rire avec Roy et Sarah. Ils… ils n’ont pour ainsi dire jamais vu
leur grand-mère. je ressens comme un vide en moi comme si je n’avais
pas accompli quelque chose qui aurait dû l’être.
- Écoute, David. Tu auras beau
ruminer, tu ne pourras rien y faire de toute façon. Je comprends que
ce « pèlerinage » soit important pour toi, mais je veux
qu’il t’aide à mieux accepter ton passé ! Pas à te faire
culpabiliser encore plus, dit Anna à un David qui s’essuya les
yeux à l’aide d’un petit mouchoir, et prit la main de sa femme
avant de faire dos à la sépulture de son père.
- Tu as raison… j’aimerais
retourner dans l’appartement qui m’a vu naître, s’il te plaît.
- Tout ce que tu veux, mon chéri. Tu
as appelé John à l’agence pour le prévenir ?
- Oui, il m’a donné quatre jours
pour tout faire. Il faudra penser à le remercier pour les billets
d’avion. On organisera… je ne sais pas, un dîner ou autre chose
pour lui et sa femme à notre retour, dit-il.
- Ne t’en fais pas je m’occuperai
de tout… J’espère que tu me feras visiter Londres au moins,
ajouta Anna dans un sourire chaleureux et réconfortant…
-
- Nous arrivons à présent dans les
limbes, la nursery du Bas Monde, dit Moloch en dessinant de ses mains
démoniaques les courbes d’un paysage marécageux, tandis que des
pleurs assourdissants sortaient d’entre les arbres morts.
- D’où proviennent ces cris ?
demanda Adam avec agacement alors qu’ils pénétraient dans la
terre boueuse d’où s’échappaient des bulles de gaz nauséabond.
- Ce sont les pleurs des enfants non
baptisés. Vois par toi-même comment Dieu laisse ses propres enfants
à l’abandon pour ne pas avoir reçu le baptême des mains de l’un
de ses nombreux usurpateurs, répondit Moloch en crachant un glaire
noir et fumant au sol.
Tout autour d’eux, des enfants
allant des morts juste nés aux plus éveillés, étaient plantés
dans la boue à hauteur d’épaules et pleuraient à s’en arracher
les cordes vocales.
Adam se rassura de ne voir, malgré de
si nombreuses têtes, celle de son fils David. Il ignorait que sur
terre, le temps s’était déjà écoulé par décennies.
Non, tout ce qui l’intriguait pour
le moment était de savoir ce que faisaient ces femmes habillées de
guenilles, à genoux devant les enfants.
- Elles leur donnent le sein. Mais
rien ne sort et ils restent affamés pour l’éternité. C’est la
punition qu’inflige le Créateur à celles qui n’ont pas réussi
à protéger leurs enfants des dangers des humains.
Moloch s’approcha de l’une d’entre
elles et la souleva par l’épaule avant de la jeter aux pieds
d’Adam.
- Son histoire à elle va te plaire…
siffla-t-il.
- Que me voulez-vous ? cria cette
pauvre femme maigre et presque dévêtue.
- Je veux que tu racontes ton
histoire, à ton fils, Marianne.
- Son/Mon fils ? s’unirent les voix
de Marianne et d’Adam.
Marianne eut un mouvement de recul
lorsqu’elle vit l’horrible visage grimaçant d’Adam.
- Ce monstre hideux n’a rien de
commun avec mon bébé. Mon Adam n’est pas un démon,
cracha-t-elle.
Mais alors que l’éclair d’un trop
lointain souvenir vint frapper Adam, son visage reprit les formes
d’un jeune homme, et tout en se penchant vers elle :
- Maman ? Vous… vous êtes…
- Adam ! Adam mon chéri ! Je te
demande pardon mon fils, pardon pour tout ce que je t’ai fait…
dit-elle, des sanglots dans la voix en laissant ses mains courir le
long du visage de son fils.
- Que s’est-il passé maman ?
Comment es-tu arrivée ici ?
- Je vais tout te dire. Tu as le droit
de savoir. Essaie… de ne pas me juger trop sévèrement s’il te
plaît.
La mère d’Adam se mit à genoux
devant son fils et commença à conter l’histoire qui fut la sienne
:
- Tu n’étais qu’un enfant lorsque
ton père et moi nous sommes séparés. J’étais une jeune mère au
foyer et ton père travaillait pour un grand groupe hôtelier. Son
travail consistait à convaincre des gens à vendre des terrains
destinés à accueillir les travaux de futurs projets. Depuis
longtemps j’avais connaissance d’une liaisons qu’il avait avec
sa secrétaire et je faisais comme si de rien n’était pour nous
protéger toi et moi. Mais comme toutes les étoiles montantes, car
il était le meilleur de sa branche, il en voulut plus toujours plus.
Alors, il a séduit l’héritière de son employeur et du jour au
lendemain, il avait disparu avec elle. Je n’avais pas les moyens
d’engager des poursuites contre lui, et dans l’une de ces
dernières lettres, il me promettait de ne pas me séparer de toi si
je ne cherchais jamais à le revoir… Alors j’ai dû fuir. Fuir
mes créanciers et tous ces gens qui me jugeaient par des mots ou des
regards. Et je me suis dit que dans le sud, chez mon frère, nous
serions plus tranquilles. Oh mon Dieu, si seulement j’avais su ce
qu’il se passait quand je te laissais avec ce monstre…
Moloch n’en crut pas ses yeux, car
de ceux de Marianne, semblaient couler de fines perles.
- Impossible ! Grogna-t-il
Marianne, elle, poursuivit :
Et quand des voisins ont découvert ce
qu’il se passait, ils ont imaginé que je te prostituais pour
gagner de l’argent. On t’a enlevé à moi et on t’a confié à
quelqu’un d’autre…
- Elle s’appelait Nany, maman. Et ne
t’en fais pas, elle s’est très bien occupée de moi durant tout
ce temps, répondit Adam.
Les fines perles se transformèrent en
véritables grêles de larmes tandis qu’un halo de lumière blanche
s’ouvrit au dessus de Marianne.
- Maman ? Mais… tu pleures ? Comment
est-ce possible ? demanda Adam émerveillé.
- Il me pardonne mon fils. Il me
pardonne car au fond de toi, tu m’as pardonnée aussi,
répondit-elle en s’élevant du sol.
- Te reverrais-je ? dit-il en tendant
la main.
- Ne les écoute pas Adam. Ils savent
te montrer le faux et t’inspirer le doute, c’est à cause d’eux
et seulement eux si tu es devenu un des leurs… finit-elle par dire
avant de disparaître dans la pureté.
- N’écoute pas cette vielle folle
Ad…
- FERME LA !
Le visage démoniaque d’Adam refit
surface tandis que les deux démons croisèrent leurs poings dans un
impact semblable à un coup de canon.
- Ne sois pas ingrat, regarde ce que
nous venons de t’offrir !
La force d’Adam avait littéralement
décuplé sans pour autant parer son corps d’une musculature aussi
développée que celle de Moloch.
- Conduis-moi devant mon père,
grogna-t-il.
- Et nous éloigner de Pandémonium,
hors de question ! répondit Moloch avec toute la colère possible.
- Je ne te laisse pas le choix. Je
suis devenu aussi fort que toi et il te sera moins facile de me
traîner jusqu’à ton maître. Je ne suis pas sûr d’ailleurs que
tu veuilles lui désobéir, je me trompe ?
Moloch gronda en guise de réponse.
- Parfait, à présent, nomme-moi…
susurrât Adam.
- Que je te nomme ? Tu n’es pas
encore digne d’être nommé, grogna le démon.
- Tu dois me nommer, je le mérite
plus que n’importe qui… NOMME-MOI !
Le sol trembla, enfonçant les corps
enfantins plus profondément dans la boue.
- Tu… tu es… BAAL ADAMA ! dit le
démon d’une voix rauque et puissante.
- Maintenant, mène-moi près de mon
père et je te fais la promesse de me laisser guider devant le
Porteur de Lumière.
Moloch acquiesça d’un hurlement
bestial, couchant tous les arbres du marécage de son terrible cri.
Pendu à un arbre, un homme hurlait de
voir des mendiants faucher des épis d’or.
- Arrière misérables, arrière !
Ceci est à moi, TOUT est à moi.
De maigres démons pourvus de grandes
lames en guise de bras arrachaient les épis pour conduire leur butin
dans un four de pierre, afin de faire fondre le précieux métal.
- L'usage seulement fait la
possession ! L'usage seulement fait la possession ! JE VOUS
MAUDIS CHAROGNARDS !
- Que signifie tout ceci ? demanda
Baal Adama.
- Il récite cette phrase
inlassablement en espérant avoir la clémence des êtres d’en
haut. Mais regarde le se tortiller dès qu’il aperçoit les
faucheurs toucher à son or ! Il restera là pour l’éternité,
répondit Moloch.
- Je te présente Jonas Alfred Rodez,
ton père. Comte du Champ des Avaricieux.
La fureur domina les actes du démon
qui s’avança jusque devant la potence de son père.
- Descends et raconte moi ton histoire
vieil homme ! cria Baal Adama.
L’homme arrêta de gesticuler et
regarda la grimace de l’entité qui semblait s’intéresser à
lui.
- Ne vois-tu pas que je suis retenu,
par le cou, d’une corde d’or ? Jamais nul temps nous sommes assis
puis ça, puis la, comme le vent varie, à son plaisir sans cesse
nous charrie…
- Cesse la poésie vieillard, je vais
t’aider à descendre, l’interrompit soudainement le démon.
De ses mains griffues, il saisit Jonas
par les pieds et tira sans qu’il fut nécessaire d’abuser de sa
force car, sous le poids de l’attraction, la tête du vieil homme
se désolidarisa du reste de son corps dans un claquement élastique.
- Comme tu le sais, tu ne peux pas
mourir, dit-il en replaçant la tête de Jonas entre les épaules de
son corps.
Puis, Jonas retomba à terre, secoué
par les spasmes d’une quinte de toux sèche.
- ALLEZ VOUS EN MISÉRABLE ! hurlait
Jonas qui, une fois relevé, courait après les faucheurs, fuyant
avec autant de rapidité qu’une volée d’oiseaux.
Mais Baal Adama rattrapa l’homme par
sa tignasse blanchâtre.
- Que me veux-tu démon ? demanda
Jonas.
- Je veux que tu me racontes ta vie
d’homme, répondit son fils.
Jonas mit un peu de temps avant de
répondre tant il était surpris par la question. D’habitude
lorsqu’il croisait des entités démoniaques, ils cherchaient plus
à lui faire payer, par le biais de différentes tortures, ses péchés
d’humain. Pendu à son arbre, il devait souvent se battre contre
les charognards infernaux, bien décidés à se repaître de sa
maigre chair. Mais jamais, au grand jamais, on ne lui demandait de
raconter son histoire. Peut-être fallait-il être coopératif avec
ce démon aux cheveux roux. Jonas espérait à la clef un sursit,
puisque la rédemption semblait trop dur à atteindre.
Le vieil homme s’assit sur une
racine sortant de terre :
- Je… je me suis marié avec une
riche héritière il y a de cela…
- On en a rien à foutre de ça ! Tu
te doutes bien que tu n’as pas atterri ici parce que tu as baisé
avec une fille à papa ! Baal Adama se montrait extrêmement
impatient.
- Parle-nous plutôt, de ton fils…
- M-mon f-fils ? bégaya le vieil
homme, comme si l’image de son enfant surgissait d’outre tombe.
- Adam… murmura-t-il.
- Il est mort, ne prononce plus son
nom, dit Baal Adama.
- Je… je ne vous crois pas ! cria
Jonas.
- FERME-LA ET DIS-NOUS POURQUOI TU
L’AS ABANDONNÉ ? hurla à présent le démon.
- Je ne vous permets pas ! Et
d’ailleurs pourquoi cherchez vous à…
- Tu l’as abandonnée elle aussi…
coupa une nouvelle fois le démon.
- Mais de qui parlez-vous bon sang…
cherchait à comprendre Jonas.
- Tu n’as aucune idée de ce que
nous avons enduré, tu n’as aucune idée de ce qu’il m’est
arrivé à moi ! cria Baal Adama, son visage démoniaque collé à
celui de son père.
- A… Adam ? Adam , mon fils, mais…
Oh mon dieu, qu’ai-je fais de toi ? se lamentait le vieil homme.
Le démon traîna son père jusque
vers le four.
- Tu… tu ne peux pas comprendre
Adam. J’avais la capacité d’amasser des tonnes et des tonnes
d’argent ! Je serai venu vous chercher, je vous aurai récupéré !
se débattait-il.
- Et tu aurais reconstruit le puzzle
qu’était devenu nos âmes ? Tu aurais empêché que mon oncle me
viole ?
Complètement paniqué, Jonas avait
l’attitude d’un interné d’asile forcer de subir une
expérience.
- Je ne savais pas , je… Adam
attends, je vais réparer tout ça… je vais…
- Adam est mort, je suis Baal Adama !
Malgré les hurlements et les
supplications, le démon plongea lentement le corps de son père dans
la cuve d’or en fusion, avant de le ressortir aussi métamorphosé
en une statut dont la meurtrissure resterait à jamais figée par
l’alliage maintenant refroidie.
Baal Adama leva les mains au ciel et
hurla :
- VOIS !!! VOIS TA CREATION SE VENGER
DES MAUX QUE TA CONCEPTION DE LA VIE INFLIGE !!! VOIS, COMMENT JE
REUSSIS, LA OU TU ECHOUES!!!
La voix déchirée de Baal Adama
résonnait à travers les champs. Soudain, le sol se déroba sous ses
pieds et le démon fut comme aspiré partiellement dans un vortex.
- Qu’est-ce qui se passe, Moloch ?
Qu’est-ce qui m’arrive ? paniqua le démon.
- Tu es appelé ! répondit-il
envieux.
- Appelé ? Mais par qui ?
demanda-t-il, cherchant à s’agripper en vain à quelque chose.
- Tu le sauras une fois là-bas. Ce
genre de chose n’arrive qu’une fois toutes les…
Mais Moloch ne put finir sa phrase que
Baal Adama fut envahi par le tourbillon, entièrement avalé.
Le passage du Monde d’en bas vers
l’extérieur ne fut pas sans mal pour le démon. Le voyage semblait
le déchirer alors qu’il ressentait ce que pouvait subir un
condamné à l’écartèlement. Ses membres s’allongeaient sans
pour autant se rompre et quelques secondes plus tard qui lui parurent
une éternité, Baal Adama se retrouva flottant dans l'air d’une
pièce éclairée à la bougie.
En dessous de lui, un jeune garçon
était agenouillé devant une planchette de bois sur laquelle était
dessinée tout un tas de lettres et de chiffres.
- Roy, que fais-tu dans la cave ? le
petit garçon sursauta et répondit d’une voix enfantine :
- J’arrive maman ! dit-il en
soufflant sur la flamme de la bougie pour l’éteindre, laissant son
matériel en place.
Quelque chose cependant troublait le
démon. Les voix qu’il entendait ne parlaient pas sa langue, mais
il comprenait absolument tout sans pouvoir l’expliquer.
- Suivre le garçon… se dit-il.
Rien n’y faisait, il était bloqué
là, comme prisonnier d’une force magnétique.
Bien qu’il devint un être
démoniaque, il était condamné sur le plan terrestre à vivre au
rythme linéaire du temps.
Il dut donc attendre trois jours avant
que le jeune garçon ne se décide à revenir jouer avec sa
planchette…
Installé comme auparavant à la lueur
d’une bougie, Roy s’installa face au rectangle de bois et
recommença son rituel.
- Je cherche à entrer en contact avec
mon grand-père. Grand-père es-tu là ? demanda le garçon à mi
voix.
Baal Adama regardait la scène de haut
avec un intérêt particulier pour l’objet sur lequel Roy avait
placé ses doigts. De sa main griffue qu’il posa également sur la
goutte, il tentait de faire dévier celle-ci sur le « oui »
gravé dans le bois, sans grande conviction.
Mais la surprise toucha autant
l’enfant que le démon, puisque le triangle de bois glissa jusqu’à
son objectif.
- J’ai réussi ! J’AI REUSSI !
hurla l’enfant en courant hors de la pièce tandis que le démon
lui sommait de revenir d’une voix ténébreuse, pourtant
imperceptible pour le garçonnet.
Baal Adama avait pu compter trois voix
différentes dans cette maison. Une voix de femme, celle du petit Roy
et une voix de petite fille. À ce moment, il pouvait entendre une
conversation entre le jeune garçon et sa mère :
- J’ai réussi maman, je suis entré
en contact avec l’au-delà !
- Roy, combien de fois t’ai-je dis
de ne pas jouer avec ce truc là, ce dija…
- Ouija, maman. C’est une table de
Ouija, répondit-il l’air un peu déçu par la réaction de sa
mère.
- Ne le prends pas mal, s'en
voulut-elle, mais les esprits ne communiquent pas avec des planches
en bois, Roy.
- Mais j’y arrive je te dis,
essaya-t-il de s’expliquer.
- Allez ça suffit Roy, vas me ranger
ce truc sinon je le dirais à ton père lorsqu’il sera rentré de
voyage, finit-elle par dire, agacée.
- Il rentre quand papa ? dit à
présent la voix de la petite fille.
- Une semaine, peut-être deux. Mais
ne vous inquiétez pas, il a promis de prendre des vacances après
ça, répondit leur mère avant de poursuivre sur un tout autre
sujet. Mary viendra vous garder ce soir, j’ai un dîner d’affaire
que je ne peux pas rater, ajouta-t-elle sous les lamentations des
enfants.
- Non, pas Mary !! Elle passe son
temps au téléphone et ne s’occupe pas de nous ! Je peux me
débrouiller seul, dit Roy.
- Je n’en doute pas jeune homme,
mais je ne veux pas vous savoir seuls dans cette maison. Sa présence
me réconforte, argumenta très justement la jeune maman qui ne put
s’empêcher de sourire lorsque son fils tourna les talons en
soufflant, pour ensuite prendre la direction de sa chambre.
Baal Adama grondait en lui même de ne
pouvoir sortir d’ici, tournant sans cesse en rond, guettant toutes
les occasions possibles de faire évoluer son état d’incarcération.
Occasion qui se présenta la nuit
même…
- Allez viens quoi. Tu as peur ?
- Je n’ai pas peur, mais ma mère à
dit que…
- Tu fais toujours ce que ta mère te
dis, toi ? pfff, je m’en doutais.
- N’importe quoi ! Bon ok, on
descend.
Deux voix résonnaient devant la porte
de la cave. Il y avait bien entendu celle de Roy, mais la deuxième
était celle d’une adolescente dont le démon ignorait jusqu’alors
l’existence.
- Tu m’avais caché que tu en avais
une ! Et tu dis que tu sais la faire marcher ? demanda Mary avec une
curiosité non dissimulée dans la voix.
- Ce n’est pas moi qui la fait
marcher, c’est l’esprit. Roy alluma une demi douzaine de bougies
dont il entoura les côtés de la tablette.
- Installe-toi et prends ça.
Le jeune garçon tendit un calepin de
feuilles blanches ainsi qu’un crayon
- Ça te servira à noter les lettres
qu’il désignera, dit-il.
Roy s’éclaircit la voix, la séance
pouvait commencer…
- Esprit, es-tu là ? Je cherche à
entrer en contact avec l’esprit de mon grand-père. Es-tu là ?
Mary se mit à ricaner.
- Ne rigole pas, sinon il ne viendra
jamais, murmura le jeune garçon, vexé du peu de sérieux que
pouvait avoir la baby-sitter.
- Mais pourquoi ton grand-père ? Tu
ne peux pas plutôt appeler… je ne sais pas moi, Kurt Cobain ou Jim
Morrison ? répondit elle.
- Reste concentrée, s’il te plaît.
Grand-père, es-tu là ?
Et Baal Adama, de la même manière
que quelques heures auparavant guida la goutte de bois vers le
« oui ».
- Ça marche ! s’étonna Mary.
- Si tu es mon grand père, tu dois
connaître mon prénom. Quel est-il ?
- R-O-Y… C’est pas possible, c’est
toi qui bouges le truc en réalité, pouffa Mary, incrédule.
- Non, je te le promets. Tu veux
essayer ?
Mary prit la place du jeune garçon,
ce qui déplut fortement au démon qui ne ressentait pas la même
attraction que pour Roy. Comme si le petit était plus réceptif.
- Esprit, es-tu toujours avec nous ?
La goutte se dirigea violemment sur le
« oui ».
- Wahou, on dirait que ça marche
mieux pour moi que pour toi ! dit-elle en direction de Roy avant de
reprendre.
- Alors esprit, combien aurais-je
d’enfants ? demanda Mary.
- Zero ! Hum dur, souriait Roy lorsque
la goutte s’arrêta sur le dit chiffre.
- Tais-toi, petit merdeux. Et pourquoi
n’en aurais-je pas ? ajouta-t-elle en levant la voix.
- S-T-E-R-I-L-E… Qu’est-ce que ça
veux dire ? demanda le garçon.
- Ça veut dire que ton jeu c’est de
la merde. Allez on se casse, répondit-elle furieusement alors que
Roy reprit ça place et qu’elle se dirigeait vers les marches.
- Amène-toi Roy, m’oblige pas à
venir te tirer.
Roy était debout, tête baissée et
bras ballants. Mary quant à elle, fit demi-tour pour venir prendre
le garçon par le bras. Et alors qu’elle s’apprêtait à saisir
sa petite victime, le visage de celui-ci se redressa vivement et
serra le poignet de la jeune fille.
- LA SEULE CHOSE QUE TU TIRERAS SERA
MA QUEUE POUR TE LA COLLER AU FOND DE LA GORGE SALOPE !
La voix de Roy devint grave et rauque
tandis que son visage de chérubin avait laissé place à la grimace
hideuse du démon.
-
- Madame, restez ici s’il vous plaît
!
- C’est chez moi, ce sont mes
enfants ! Que s’est-il passé ?
- C’est bon Jimmy, laisse la
passer…cria un petit homme chauve vêtu d’un imperméable, à
l’agent de police qui empêchait Anna de rentrer chez elle.
- Inspecteur Troy, dit-il en
présentant un badge de police. Vous dites être la mère des enfants
?
- Oui, où sont-ils ? Que leur est-il
arrivé ? questionna-t-elle tremblante de panique.
- Eux rien, mais, suivez-moi.
Il conduisit Anna à l’arrière
d’une ambulance.
- Vous connaissez cette personne ?
demanda-t-il.
L’horreur se lisait dans les yeux de
la jeune femme.
- Oh mon dieu ! Elle est…
- Non, elle est en état de choc
avancé. Bon alors, qui est-elle ?
- C’est… c’est Mary ma… ma
baby-sitter. Où sont mes enfants, je veux les voir !
cria-t-elle dès qu’elle vit le visage pétrifié de l’adolescente.
- Elle nous a appelé paniquée. On a
vraiment eu du mal pour… mais l’inspecteur fut coupé par une
voix tremblante.
- Il… il avait les yeux rouges et…
des…des traits noirs sur le visage et…
- Calme-toi petite, calme-toi, dit une
ambulancière en s’approchant de Mary pour lui tenir la main et lui
caresser les cheveux.
L’inspecteur Troy accompagna Anna à
l’intérieur de sa maison ,tout en cherchant quelques éléments
qui lui permettraient d’avancer. Quelques questions, notamment si
la description du personnage qu’avait fait la victime lui disait
quelque chose. Si elle était sûre que personne d’autre ne pouvait
entrer dans la maison, ou encore si elle avait un soupçon sur son
fils, retrouvé assis dans la cave faisant un mouvement perpétuel de
balancier.
Seulement, Anna n’avait de cesse de
vouloir serrer ses enfants dans ses bras, si bien que toutes les
réponses aux questions de Troy se soldaient par un non catégorique.
Les forces de police restèrent encore
quelques heures en compagnie de la famille. L’inspecteur décida de
laisser une voiture à l’entrée de la maison, au cas où
l’individu chercherait à revenir.
Pour Baal Adama, les choses avaient
changé. Il avait senti le bon moment pour entrer dans le corps du
jeune garçon et envoyer la traînée qui servait de nourrice pour un
aller simple en psychiatrie. Cependant, il ne pouvait pénétrer dans
ce jeune corps que lorsqu’une forte émotion permettait à l’esprit
du garçon de s’ouvrir et d’accueillir son visiteur. Il y était
malgré tout attaché, flottant au dessus de lui, satisfait de ce
semblant de liberté.
Le lendemain les enfants retournèrent
à l’école, cachant l’incident de la veille aux curieux qui
avaient assisté au ballet des voitures de police et ambulances.
- Ce n’est qu’une droguée qui a
fait une overdose et qui nous cause maintenant des
soucis ! Anna aurait souhaité trouver
mieux, mais aucune autre explication n’aurait pu faire taire les
ragots.
Dans le fond de la vaste cour de
l’école, Roy était assis sur un banc, seul, comme à son
habitude. Jusqu’à ce que :
- Alors Roy, tu nous as apporté notre
argent de poche ? demanda un garçon plus âgé et bien plus carré
que le chétif garçonnet.
- Je n’ai pas d’argent, répondit
sombrement Roy, alors que deux autres garçons prirent place à ses
cotés.
- Hey c’est pas sympa ça, petit !
Comment veux-tu que l’on paye notre déjeuner ? demanda l’un
d’entre eux.
- C’est vrai ça ! Et bien sur, tu
as fait le devoir de mathématiques que je t’ai donné la semaine
dernière ? ajouta l’un d’eux.
Mais Roy paraissait ne pas être là.
La présence de Baal Adama influait beaucoup sur le comportement de
l'enfant. Bien que d’un naturel solitaire, il arrivait néanmoins à
garder le sourire tous les jours, et ce même face aux épreuves que
pouvaient lui infliger les autres élèves dissipés de son école.
Bud se leva et s’accroupit devant le
jeune garçon, sortant un petit canif dont il libéra la lame pour la
coller contre la joue de sa petite victime.
- J’crois que t’as pas compris…
il n’y a personne ici, les surveillants ne viennent pas, et les
élèves non plus. Y’a que toi. Alors si l’envie me prenait de te
dessiner un joli sourire sur ta gueule de con, qu’est-ce qui m’en
empêcherait ? Peut-être que comme ça tu obéiras gentiment la
prochaine fois ? dit le garçon tout en enfonçant légèrement la
lame dans la chair de Roy.
- Exactement, mec ! Puis on aimerait
bien savoir ce qui s’est réellement passé pour Mary… ricana le
camarade du bourreau de Roy.
- Je vais commencer par un petit
sillon vertical, dit Bud en taillant la joue du jeune garçon qui ne
put s’empêcher de verser une larme, tandis que les deux acolytes
lui tenaient bras et visage, pour l'empêcher de s'évader.
- Merde ! C’est quoi ça ! Bud se
releva d’un bond.
- Allez Bud, finis ton boulot ! Si
quelqu’un nous voit on sera dans la merde !
- Ouais Bud… Magne-toi… ricana à
présent Roy dont la voix devint subitement plus grave.
- Regardez ses yeux ! cria le
tortionnaire.
Baal Adama ne voulait pas intervenir,
s’amusant de la situation vu d’en haut. Mais lorsqu’il sentit
que la lame pénétrait également sa joue sans qu’il puisse en
expliquer le pourquoi, il fut pris d’un instinct de sauvegarde
sauvage.
Lorsque Roy leva la tête, le visage
du démon se mêla au sien, terrorisant les trois ados. Dans un cri
de rage, Baal Adama se saisit de ses deux geôliers :
- NE TOUCHEZ PAS !
Puis les jeta comme de vulgaires
poupées de chiffon sur Bud qui s’écroula quelques mètres plus
loin.
Le choc fut si violent que plus tard,
à l’hôpital, on diagnostiquera une fracture complète des os
faciaux de Bud, remettant à jamais en cause sa popularité auprès
des filles. Les deux autres garçons, eux, avaient chacun un grave
traumatisme crânien qui selon les médecins laisserait de lourdes
séquelles sur leur mémoire et leur motricité.
- Non mais… comprenez-moi madame…
Roy est désolé de ce qu’il s’est passé et… Oui ? Oui , bien
sur mais… mon fils n’est pas malade, madame… Enfin merde vous
le savez comme moi, Roy est un enfant introverti et je doute qu'avec
sa carrure il ait pu faire ça tout seul… Vous dites ? Les parents
des jeunes gens ? Ne me faites pas rire voyons !!! Est-ce que les
parents savent que leurs rejetons rackettaient mon fils depuis
plusieurs semaines ??? Et vous, où étiez vous à ce moment là ???
Écoutez madame, mon mari doit rentrer dans moins d’une semaine,
nous verrons ça avec lui. En attendant je retire mon fils de votre
école… C’est ça, je ne vous salue pas non plus…
Anna rejeta violemment son portable à
travers le salon en hurlant que la directrice de l’école n’était
qu’une connasse…
-
Trois jours s’étaient écoulés
depuis l’incident et des phénomènes étranges entouraient Roy.
Baal Adama s’amusait à griffer les murs lorsque le jeune homme
marchait, si bien que d’incessants grattements émanaient de la
maison. Afin de rendre sa victime plus vulnérable, le démon aimait
prendre possession de l’image du jeune garçon qui se reflétait
dans le miroir, et lui faire de prendre des grimaces démoniaques.
Mais ce dont Baal Adama raffolait le plus, était de changer la
personnalité du jeune homme si calme fut-elle, hurlant çà et là
des obscénités…
« Les scientifiques Islandais
avaient depuis longtemps prévu l’éruption d’Hekla, mais
personne n’aurait pu prédire que le vent soufflerait les cendres
du volcan en direction de l’Europe, ce qui paralyse actuellement le
trafic aérien, en particulier pour les aéroport de Londres, où des
dizaines d’avions resteront une fois de plus cloués aux sol… »
- Oui, je viens de voir un flash aux
infos… je sais que tu n’y ais pour rien mais… Il s’agit de
Roy, il… il ne va pas très bien et je pense qu’il va bientôt
avoir besoin de toi, dit Anna au téléphone.
- John dit qu’il ne faut pas
regarder aux dépenses et que tu dois l’emmener dans le meilleur
hôpital que tu pourras trouver. Il fera passer la note en frais de
fonctionnement, répondit David.
- Je ne sais plus quoi faire chéri.
Il… son comportement change ! Il ne fait que des cauchemars, parle
d’un visage horrible qui le regarde dans les miroirs et devient
violent… Hier encore il… il m’a mordue jusqu’au sang avant de
se…
Mais Anna éclata en sanglots avant de
finir sa phrase.
- Écoute, n’attends pas un instant
de plus et surtout tiens-moi au courant de toutes les évolutions…
- J’ai peur mon amour, j’ai si
peur, dit-elle.
- Je prendrai le premier avion dès
qu’il y aura de l’amélioration. John a fait de gros
investissements en Angleterre, on aura de quoi vivre tranquille pour
quelques mois après ça.
- Je t’aime David… ajouta Anna en
refermant le clapet de son portable, tremblante de peur.
Elle ne s’étonnait plus d’avoir
les mains moites en permanence tant la terreur s’était emparée
d’elle. Anna ne pouvait plus dormir dans cette maison sans la
présence de ses propres parents pour la soutenir, et protéger la
petite Sarah des agressions quotidiennes de son frère. Les meubles
bougeaient tout seul et il n’était pas rare d’entendre des
choses se briser dans la maison sans qu’aucun débris de matière
ne soit trouvé…
La nuit, Roy semblait se défendre
contre un ennemi invisible, ses membres adoptant des positions
contraires à la nature comme si il n’était qu’un vulgaire jouet
de caoutchouc. À cela s’ajoutait la curiosité des voisins qui ne
manquaient aucune occasion d’espionner la demeure dès qu’un
événement s’échappait des murs ( car tous entendaient les cris
et voyaient à la nuit tombée d’étranges ombres planer dans la
chambre du garçon ).
Faire ses courses s’avérait pour,
la jeune femme, être tout aussi compliqué que de rester dans sa
maison, car il lui fallait alors affronter le questionnement de
l’inspecteur Troy, persuadé que le jeune homme était en réalité
le chef d’une troupe de délinquants qui semait le désordre dans
son entourage. Puis il y avait les commérages, les histoires
inventées par les grand-mères en manque de sensations fortes, et
les inquisiteurs du dimanche qui ne juraient plus que part
l’exclusion de la famille de la ville et l’incendie
« purificateur » de la maison du diable.
Tous les médecins du coin étaient
venus au moins une fois au chevet de Roy, sans qu’aucun d’entre
eux n’omettent de parler d’un éventuel cas psychiatrique.
Il ne restait à Anna que la solution
de l’internement, qui survint une nuit où Baal Adama se reposait
de ses méfaits.
- Nous avons pratiqué tous les tests
nécessaires des jours durant, et je dois vous avouer madame qu’il
s’agit pour nous d’un cas hors du commun. Il semble être atteint
de… démence et… dit un homme habillé d’une blouse blanche
avant d’être coupé par Anna.
Vous insinuez que mon fils est devenu
fou ? s’offusqua-t-elle.
La maigreur de son corps était le
témoin de l’épreuve qui lui était envoyés.
- Je n’insinue rien madame, mais
comprenez-moi. Les tests ont démontré que…
- FOUS-LES TOI AU CUL TES TESTS !
hurlait à présent la voix démoniaque provenant de la pièce d’à
coté.
Le médecin et Anna sursautèrent au
son d’un cri puissant émanant de la chambre du jeune garçon.
- Je vous prie de croire que nous
avons fait tout ce que nous pouvions, mais vous êtes ici dans un
hôpital public. Le meilleur conseil que je puisse vous donner reste
de le conduire dans un établissement psychiatrique et de…
- Attendez docteur, vous voulez me
dire qu’en fait vous… vous renoncez ? demanda Anna.
- Ce que je veux vous dire madame,
c’est que les autres patients ont peur, le personnel a peur, dit-il
en insistant sur ce dernier mot.
- Il a littéralement défiguré l’un
de nos aide-soignants qui venait lui administrer un tranquillisant
et…
- TON PERE EST UN ENCULEUR DE PORCS ET
TU LE SAIS MARVIN ! TOUS LES SOIRS A LA FERME, TES ETUDES N’ONT
PAS REUSSI A LE SAUVER D’ALZHEIMER ! LE SCANDALE DANS LE VOISINAGE
MARVIN !
- LA FERME !!!
Les cris du démon devinaient la
vérité comme à chaque fois qu’il s’amusait à lire en ses
victimes. Ce fut donc au tour du médecin de hurler, complètement
déstabilisé par les révélations d'un gamin qui ne pouvait pas
connaître l'histoire de son père.
- Je vais appeler des confrères,
vous n’aurez que vingt-quatre heures pour le préparer…
Dans le couloir, Anna s’assit sur
une chaise, abattue par le désespoir.
- FAITES-LE SORTIR ! FAITES SORTIR LE
MENTEUR ! hurlait à présent Baal Adama
Et tandis que la mère de Roy essayait
de comprendre le sens des paroles vomies par ce qui n’était plus
son fils depuis près d’un mois, un homme apparut devant elle.
- Madame Rodez ? dit-il à Anna qui
leva la tête.
- Bonjour madame, je suis le père
Browden…
- Vous venez recueillir les dernières
volontés de Roy avant de le conduire sur l’échafaud ? demanda
Anna d’un air faussement ironique, rongée en elle par l’agacement.
- Ses dernières volontés ? Grand
Dieu non, dit-il en s’asseyant à coté de la jeune femme. Vous
savez, je suis le prêtre de la paroisse de notre ville et je dois
vous avouer que votre visage ne m’est pas vraiment familier,
poursuivit-il en souriant paisiblement.
Il y avait bien longtemps que personne
n’avait sourit à Anna et elle prit celui-ci comme un prompt
réconfort.
- Beaucoup de gens sont venus me
raconter votre histoire au sein de mon église. Et, vous savez
également que le secret de la confession m’interdit de vous
dévoiler ce qu’il m’a été dit…
- Ne vous fatiguez pas mon père…
répondit-elle en se remémorant tous les racontars et autres
insultes.
- Me permettez vous de voir Roy, un
petit instant ? demanda-t-il.
- Tant que vous le pouvez mon père.
Demain, ils m’obligeront à le sortir d’ici pour… pour… mais
Anna éclata en sanglot.
- Rien n’en est moins sur… ajouta
le père Browden en passant sa main sur l’épaule d’Anna, qui se
leva également.
- Non, restez assise madame. Je veux y
aller seul, dit l’homme d’église avant d’entrer dans la
chambre.
Durant toute une période, les
paroissiens venaient nombreux dans l’église du père Browden qui
n’arrivait plus à faire une messe dans le silence tant les
conversations, toujours alimentées par le fictionnel, allaient bon
train.
Combien de fois le prêtre avait pu
demander le silence lorsqu’il officiait ? Il l’ignorait. Des
secrets inavouables semblaient pourtant s’échapper entre les murs
même de la maison du Seigneur.
Jusqu’au jour où un homme,
l’inspecteur Troy, lui rendit visite pour lui raconter ce qu’il
se tramait actuellement au sein de la ville. Le comportement
changeant de Roy ainsi que les histoires toutes plus surnaturelles
les unes que les autres qui gravitaient autour de lui. Il avait de
forts soupçons sur l’implication direct du jeune homme dans ces
étranges affaires d’agressions et questionnait inlassablement le
père Browden sur ce que pouvaient savoir ses paroissiens. Cependant,
soumis au secret de la confession, le prêtre jamais ne divulgua mot.
Enquêtant seul de son coté, le père Browden savait qu’il n’y
aurait qu’un seul moyen de vérifier ses craintes.
Lorsqu’il entra dans la chambre de
Roy, le père eut la certitude que toutes les théories que lui avait
déballé l’inspecteur n’étaient qu’affabulation, car le mal (
et il en était sur à présent ) venait d’ailleurs.
- Bonjour Roy… dit le prêtre devant
un garçon dont les mains étaient liées à son lit.
Les sangles qui maintenaient ses pieds
étaient arrachées, et le jeune homme se tenait en équilibre en
forme de croix inversée contre le mur derrière la tête de lit.
- C’est tout ce que j’ai trouvé
pour accueillir le représentant du fils d’assassin… Qu’en
penses-tu ? demanda le garçon avec sa voix grave, devenue habituelle
depuis quelques temps.
- Je pense que tu devrais me raconter
ce qu’il se passe en toi, Roy.
- Ne m’appelle pas Roy ! Je suis
celui qui a défait l’institution divine, celui qui a défié ton
Créateur !
- Alors qui es-tu ?
L’enfant retomba lentement sur son
lit et Baal Adama se tut.
- Nomme-toi… insista le prêtre avec
un sourire.
Et toujours ce silence.
- C’est bien ce que je pensais,
répondit finalement le père Browden avant de se diriger vers la
porte.
Puis soudain :
- In Nomine Dei Luciferi Excels, Ave
Voluptatis Carnis !!! snoigel qnic-etnert ednammoc ej srefne sed
siuqra , reficuL ed éyiovne’l sius ej… BAAL ADAMA !!! dit le
démon avant de hurler à en faire trembler les murs.
Le père Browden sortit de la chambre,
affaiblit au fond de lui par ce si court entretien, sous le regard
pétrifié de toutes les personnes se trouvant dans le couloir.
-
Éreinté par un long voyage, un homme
sortit du taxi qui le conduisit devant sa maison.
- Gardez la monnaie, dit-il au
chauffeur boudant devant les quelques piécettes que lui laissait son
client.
La devanture de la maison de David ne
ressemblait pas à ce qu’il avait laissé il y a un peu plus d’un
mois de cela. Les fleurs que son épouse avait pour habitude de
bichonner se fanaient dans leur pot. Il y avait bien longtemps
qu’aucun entretien n’avait été fait sur le parvis, laissant
autant de cadavres de feuilles que si un arbre entier s’était
dénudé à même le sol. La vie avait presque abandonnée la maison.
« Je devrais peut-être leur
faire la surprise en passant par derrière » pensa-t-il.
Mais, tandis qu’un hurlement bestial
sortit des murs de la maison, David franchit le seuil de l’entrée
au pas de course.
- Chéri ! cria Anna en se précipitant
sur son mari, le serrant si fort que son souffle en fut coupé.
- Qu’est-ce qui se passe ici ? Il y
a quelqu’un dans la chambre de Roy ? demanda David, alors qu’il
repoussait sa femme pour grimper les marches qui menaient à la
chambre de son fils.
Mais alors qu’Anna cherchait à le
retenir, un grand homme d’âge avancé descendit les marches,
épuisé, transpirant à grosses gouttes.
- Il s’est calmé… il s’est
calmé… dit-il en bousculant légèrement David, tout en s’asseyant
au bas des marches.
- Venez mon père, venez… dit Anna
qui, à l’aide de ses parents souleva le prêtre pour le poser sur
l’un des canapés du salon.
- Bordel de merde c’est quoi ça ?
Quelqu’un va-t-il m’expliquer pourquoi un prêtre vient de sortir
de la chambre de Roy ? s’énerva David, dont le périple avait un
peu trop sollicité ses nerfs.
- Asseyez-vous David… dit calmement
Marta, la mère de son épouse avant que celle-ci n’entame les
explications, aidée du père Browden qui conclut cette longue
histoire par :
- Et donc grâce à mes relations et
quelques services dus, j’ai pu obtenir le droit de ramener votre
fils chez vous afin que je procède au rituel d’exorcisme.
- C’est… insensé ! Comment
pouvez-vous prétendre passer au dessus des médecins et venir…
- BOUFFE-LA SALE PORC, BOUFFE-LA !!!
David fut interrompu par la même voix qui, auparavant, l’obligea à
débouler comme un dératé à l’intérieur de sa propre maison.
- Ça recommence, venez ! cria le père
Browden suivi de près par David.
- Nom de Dieu… David ne put
s’empêcher de blasphémer quand il ouvrit la porte du jeune
garçon, tant le tableau qui s’offrait à lui suintait d’horreur.
Roy était sur le dos, maintenu au sol
par une force invisible qui le pliait littéralement en deux,
l’obligeant à enfoncer sa propre verge dans sa bouche pour hurler
d’une voix étouffée :
- T’AIME PETIT PORC, AVOUE QUE
T’AIMES ÇA !
Les deux hommes sautèrent sur le
possédé, et après avoir réussi à immobiliser le démon sur le
lit de Roy, l’exorcisme reprit.
Le rituel dura non moins de six
heures, durant lesquelles le prêtre combattait avec ardeur le démon
présent dans le corps du garçon. Les meubles de la chambre
fonçaient droit vers les deux hommes qui ne relâchèrent
aucunement leur concentration.
- Je peux voir dans l’avenir
Browden, tu nous rejoindras en bas d’ici neuf ans… SALOPE ! dit
Baal Adama au prêtre qui ne faiblissait pas.
Le père Browden proféra les litanies
des Saints et poursuivit :
- Ne vous souvenez pas, Seigneur, de
nos fautes ni celles de nos pères. Ne nous tenez pas rigueur de nos
péchés.
Et après avoir récité le Notre
Père, continua :
- Ô Dieu, par ton nom sauve ton
serviteur et par ta vérité rends nous justice Seigneur, exauce ma
prière, prête l’oreille aux paroles de… Votre nom complet ?
murmura-t-il à David qui répondit aussitôt.
- Prête l’oreille aux paroles de
David Adam Rodez…
À ces mots, le démon étendit le
corps de Roy de tout son long, et le plongea dans une sorte de
sommeil.
Baal Adama laissa place en son moi
intérieur à Adam Rodez. Lorsque le prêtre prononça entièrement
le nom du père du gamin, il n’avait plus aucun doute sur
l’identité de ses victimes, car depuis plus d’un mois, Adam
torturait son propre petit fils. Il décida de relâcher l’emprise
qu’il avait sur le corps du garçon et, lorsqu’il plana au dessus
de la chambre, ne put s’empêcher de regarder paisiblement le
visage de son enfant ayant maintenant bien grandi.
Un coup de canon retentit au sein de
la maison et tous se ruèrent dans la chambre de Roy, lequel se
tenait assis au bord de son lit…
- Papa ? Tu es revenu !
Et bien que les questions fusèrent en
tous sens, Roy niera avoir de souvenirs du dernier mois qui venait de
s’écouler – et ce jusqu’à ce que sa vie s’éteigne, bien
des années plus tard.
-
Baal Adama retombait sur le sol d’un
bordel démoniaque, du moins à en juger par la scène qui se
déroulait devant lui.
Posté en hauteur sur un trône
vomissant le sang par les accoudoirs, un homme au visage tinté de
nuances rougeâtres vêtu d’une longue robe de cérémonie,
conversait avec une tête d’homme planté au bout d’une pic.La
tête tirait une langue de serpent chaque fois qu’elle ouvrait la
bouche.
Le long des marches menant au trône,
se tenait plusieurs petits démons rieurs qui torturaient çà et là
leurs victimes humaines que l’homme aux petites cornes leur jetait
par poignée, comme l’on jette des cacahuètes aux singes d’un
zoo.
Sur le côté de la pièce se tenait
une créature portant un masque humain surmonté d’une coiffe
papale sur laquelle était dessinée une croix inversée qui donnait
une version orgiaque et désordonnée de la messe catholique. Le
sexe, le péché et la mort semblaient contrôler la salle qui
tanguait et tanguait encore lorsque Baal Adama fixait son regard à
divers endroits.
- Bienvenue dans le cœur de
Pandémonium ! dit une voix familière.
- Moloch ? répondit Baal Adama,
remarquant que le démon marchait sur des humains dénudés. Je vois
que tu as ramené tes troupes… ajouta-t-il moqueur.
Mais Moloch semblait ne pas vouloir
partager sa joie, visiblement impressionné de se retrouver en ce
lieux.
- Ce ne sont pas les miens, ce sont
ceux du Maître !
Baal Adama regarda alors le sol qu’il
foulait de ses pieds griffus et comprit d’où venait cette
sensation de vertige. Des centaines… des milliers de corps aux
lamentations assourdissantes formaient le sol de la salle que les
invités piétinaient avec délice.
- C’est lui, le Porteur de Lumière
? demanda le démon.
- Tu te trouves devant le maître des
révoltés, l’archange rebelle, le tentateur libre et solitaire…
le premier, le grand Lucifer… dit alors Moloch en s’inclinant
devant ce prince.
- Il a vu ce que tu as fait sur terre,
nous avons tous vu… ajouta-t-il.
- QUE
LE DEMON QUI A POSSEDE L’ENFANT S’AVANCE ET SE PRESENTE DEVANT
MOI ! dit alors une voix.
Sa particularité était d’être à
la fois celle d’hommes, de femmes, d’enfants, de tous âges, le
tout formant un seul et même son.
Moloch poussa le démon en murmurant :
- Surtout incline-toi arrivé en haut.
Ce qu’il fit, impressionné par ce
qui s’avérait être un monstre à la taille gigantesque.
- Je suis Baal Adama, démon majeur,
commandant de trente-cinq légions…
- PLUS MAINTENANT FILS ! JE
T’OFFRE LE POUVOIR DE COMMANDER LE DOUBLE DE TES EFFECTIFS ET DE
PRESIDER AVEC MOI LA REVOLTE CONTRE LA SAINTE TRINITE…
L’envie pouvait se lire sur les
visages de toute l’assemblée. Si les forces démoniaques
parvenaient à obtenir la chute des Saints, le chaos régnerait dans
les deux royaumes aux dessus de Lucifer, et être à ses cotés
assurait un « après » confortable.
- Il n’est pas digne de confiance
maître ! Il a relâché son emprise sur le garçon parce qu’il a
reconnu son passé à travers eux… siffla la tête empalée aux
cotés de l’ange noir.
- SILENCE AZAZEL !!! GRACE A CE QU’IL
A FAIT, LE MONDE DU MILIEU SAIT A PRESENT PLUS QUE JAMAIS QUE NOUS
EXISTONS… ON EN A FAIT DES ECRITS PAR CENTAINES, ON L’A RACONTE
EN MUSIQUE ET ON NOUS PROJETTE SUR DES ECRANS. L’HISTOIRE DE BAAL
ADAMA LAISSERA DES TRACES INDELEBILES SUR LE MONDE CORRUPTIBLE DU
CREATEUR. NOTRE AVENEMENT EST A SON APOGEE ET CELA A DEJA COMMENCE…
Baal Adama ne voulut pas d’un tel
« honneur » en réalité. Quelque chose en lui était
revenu de nulle part lorsque dans le monde humain il avait vu son
fils. Le simple fait d’avoir torturé les siens le laissa perplexe
sur ses futurs plans au sein de l’armée du Diable. Mais quoi qu’il
puisse en penser, il était de toute façon déjà trop tard…
« Mesdames, Messieurs, bonsoir.
Tout de suite les titres de ce journal du 5 Octobre.
L’ouragan qui devait longer la côte
Est des États-Unis a finalement dévié de sa trajectoire pour
finalement frapper les terres de plein fouet, on dénombre plusieurs
personnes disparues, des centaines de blessés et au moins une
dizaine de morts.
Toujours au États-Unis, dans un petit
quartier du Michigan, les habitants pris de folie auraient
volontairement incendié une maison qu’ils baptisaient, je cite :
« la maison du diable » après qu’elle eut été
quittée par ses propriétaires.
Nous reviendrons ce soir sur cette
horrible affaire qui secoue actuellement l’Irlande où un forcené
de confession protestante s’est fait exploser dans une école
privée catholique. Les familles des victimes parlent à présent
d’une guerre civile ouverte.
Puis retour dans notre pays où une
nouvelle nuit d’émeutes a éclaté, opposant les habitants d’un
quartier populaire aux forces de l’ordre mis une nouvelle fois en
difficulté face au nombre toujours grandissant des émeutiers
faisant du bilan de cette nuit un très lourd constat : de
nombreuses vitrines de grands magasins ont été pillées, plusieurs
incendies se sont déclarés aux quatre coins de la ville et des
vandales n’ont pas hésité à s’introduire chez des
particuliers, semant le chaos au sein des maisons du quartier
voisin… »
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